Kivu, 14 août 2024 — L’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, a déclaré le mpox (anciennement variole du singe) une urgence de santé publique continentale. Ce niveau d’alerte est le plus élevé pour l’agence, suite à la propagation rapide du virus en Afrique. Une nouvelle souche, plus virulente, a été identifiée en septembre 2023 au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo.
Une propagation rapide en Afrique
Le comité scientifique de l’Africa CDC a noté une augmentation alarmante des cas de mpox, notamment en République Démocratique du Congo où le virus sévit gravement. En juillet, 96 % des nouveaux cas en Afrique étaient recensés dans ce pays.
Depuis le début de l’année, près de 15 000 cas ont été détectés et 455 décès signalés. Le virus s’est propagé à de nouveaux pays comme le Rwanda, le Burundi, et l’Ouganda, ainsi qu’à des nations comme l’Afrique du Sud, le Soudan et la Côte d’Ivoire. La maladie est aujourd’hui présente dans 16 pays africains.
Un défi pour les autorités sanitaires
L’agence de santé de l’Union africaine avertit que le nombre réel de cas est probablement sous-estimé, en raison des capacités limitées pour tester et tracer les infections. Les vaccins manquent également cruellement. Bien que 200 000 doses soient en cours de déploiement, il en faudrait 10 millions pour maîtriser l’épidémie. Africa CDC exhorte les partenaires internationaux à agir pour combler ce déficit.
Jean Kaseya, directeur de l’Africa CDC, a déclaré que la distribution des vaccins doit s’étendre à chaque pays, communauté, et aux personnex dans le besoin. Actuellement, deux vaccins sont recommandés pour les populations à risque, telles que les hommes homosexuels et les travailleurs du sexe. Cependant, peu de doses sont disponibles dans les pays touchés.
200 000 doses ne suffisent pas. Nous avons besoin de plus de 10 millions de doses. Je peux vous dire que nous avons un plan clair aujourd’hui pour garantir la livraison de ces 10 millions de doses, en commençant par 2 à 3 millions d’ici à la fin de l’année 2024. Nous veillerons à ce que les vaccins parviennent à chaque pays, chaque communauté, chaque personne qui en a besoin.
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Transmission et symptômes du mpox
Le mpox se transmet par contact physique direct ou rapport sexuel avec une personne infectée. Les premiers symptômes incluent fièvre, fatigue, maux de tête, et courbatures. Ensuite, des éruptions cutanées apparaissent sur tout le corps, contrairement aux souches précédentes où les lésions étaient localisées.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) réunira son comité d’urgence le 14 août et pourrait déclencher son plus haut niveau d’alerte, une urgence de santé publique de portée internationale.
Situation critique au Sud-Kivu
Au Sud-Kivu, particulièrement touché, les infrastructures sanitaires sont dépassées. Aux Cliniques Universitaires de Bukavu, un hangar de fortune accueille les malades du mpox, faute d’espace et de moyens. Les médecins dénoncent le manque de médicaments, de matériel de protection, et de primes de risque. De plus, les professionnels de santé doivent gérer simultanément les patients atteints de mpox et ceux souffrant d’autres maladies, augmentant ainsi les risques de contamination.
Appel à l’aide internationale
Le docteur Freddy Siangoli, responsable de la surveillance épidémiologique au Sud-Kivu, a confirmé la gravité de la situation. Il déplore la rupture des kits de prélèvement et souligne que 29 des 34 zones de santé du Sud-Kivu sont touchées par le mpox. Les autorités congolaises, en collaboration avec l’Unicef, l’OMS, et Médecins Sans Frontières, travaillent activement pour améliorer la prise en charge des malades.